Le jour où… j’ai fixé  le tarif de mes consultations de psychologie

Faire un prévisionnel financier pour calculer le juste tarif d’une séance est important. Cela passe par un questionnement nécessaire, mais difficile ! 

 

Qui dit premières séances, dit premiers règlements

Me voilà face à mon premier patient. Je l’informe que la séance touche à sa fin et, à ma grande surprise, il sort tout de suite un chèque déjà rempli ! En effet, il est nécessaire d'afficher ses tarifs (sur son site ou dans la salle d'attente, les miens sont disponibles sur mon profil Doctolib). La patiente suivante me demande spontanément une facture pour la prise en charge de la séance par sa mutuelle. Mais à la fin de ma première semaine de consultation, la dernière personne tombe des nues quand je lui indique que je ne suis pas munie de terminal de paiement par carte bancaire. D’où l’intérêt d’informer vos patient-es sur vos moyens de paiements pour éviter ce genre de désagrément. Heureusement, à l’heure actuelle, il existe beaucoup de moyens de règlement. Mon favori : le virement instantané !

 

Le jour où je me suis installée en libéral, par Danaë Holler

 

Commencer par calculer ses charges

Avant de recevoir des honoraires en fin de séance, il a bien fallu que je détermine le tarif de mes consultations. Comment procéder quand on démarre en libéral ? Calculer les charges en amont du lancement de votre activité permet d’ajuster le tarif de vos prestations dès le début. Pour ma part, voici mes dépenses actuelles : 

  • loyer (avec charge de fonctionnement : eau, électricité, internet), 
  • Doctolib, 
  • supervision mensuelle, 
  • forfait téléphonique, 
  • titre de transport, 
  • assurance professionnelle,
  • Urssaf (22%),  
  • et impôt sur le revenu. 

Au moment de mon installation, j’ai fait le choix de louer un cabinet meublé pour limiter les frais d’installation et j’ai opté pour le statut d’auto-entrepreneur. J’ai également dû acheter du matériel au fur et à mesure, en fonction de mes besoins et de la demande (jeux de société et livres, notamment). À cela s’ajoutent régulièrement des formations (parfois très coûteuses) et des frais de communication (création site internet et cartes de visite, par exemple). Il est donc important de faire un « business plan » pour ajuster au mieux ses tarifs. 

 

La supervision : une aide précieuse pour s’ajuster

Échanger avec les autres psychologues est aussi une façon d’ajuster vos tarifs (au-delà de vous aider à développer votre réseau). J’avais fait le choix d’aligner mes tarifs vis-à-vis des autres psychologues. Se comparer peut cependant activer le syndrome de l’imposteur, d’où l’intérêt d’être supervisé-e dès le début de sa pratique. La supervision m’a aidée à travailler sur la légitimité et le rapport à l’argent. En effet, « bien que tout travail mérite salaire », demander une rémunération n’est pas si simple que cela. J’avais tendance à justifier mes tarifs auprès des patient-es. Sans tomber dans le marchandage, il peut être pertinent d’ajuster ses tarifs en fonction du contexte socio-professionnel de la personne (chômage, étudiant). D’expérience, des prestations bradées peuvent engendrer peu d’engagement de la part du patient. 

 

Les conseils que j’aurais aimé recevoir

Si c’était à refaire, voici que je mettrais en place :

  1. Réfléchir à mon statut juridique et régime fiscal. Je prendrais le temps d’échanger avec un-e comptable afin de choisir un statut légal peut-être plus adapté à ma pratique. En effet, lors de l’ouverture d’un cabinet, le statut auto-entrepreneur est majoritairement choisi pour la facilité des démarches administratives et le peu de contraintes que cela implique. Or, il existe d’autres statuts tout aussi appréciables en fonction de vos activités (régime micro BNC, par exemple).
  2. Calculer mes charges. Je n’avais pas calculé mes charges au moment de mon installation, ce qui m’a causé de mauvaises surprises car j’étais tout juste à l’équilibre. Au début de ma pratique, j’ai eu l’automatisme de me sous-estimer en considérant que j’avais moins d’expérience, et donc de demander 50 € par séance, quand, à Paris, la moyenne est de 70 €. J’ai donc rapidement dû augmenter de 10 € mon tarif pour les nouvelles demandes afin de passer à 60 € pour 45 minutes. Il est donc nécessaire de prendre le temps de bien évaluer les charges liées à votre activité afin d’affiner vos tarifs. 
  3. M’estimer au plus juste… et réajuster. Le piège est de se sous-évaluer et ainsi donner l’impression de faire des séances au rabais par manque de légitimité et de confiance professionnelle. Cela a été mon cas ! Le risque inverse est de se surestimer et renvoyer une image péjorative de votre pratique, aux antipodes de votre éthique.  Avec du recul, il est nécessaire de s’ajuster régulièrement en fonction du contexte économique. Une séance d’une heure à 30 € net est certes à la portée de nombreuses bourses, mais vous plongerait rapidement dans la faillite et impacterait la reconnaissance de notre métier. Une séance de 45 minutes à 120 € chez un-e psychologue peut faire fuir et finalement venir impacter la rentabilité de votre activité. 

 

Pour synthétiser, voici quelques conseils :

  • Faites une budgétisation prévisionnelle avant votre installation
  • Entourez-vous de professionnel-les de confiance pour vous accompagner dans les démarches (comptable, juriste, superviseur, etc)
  • Prenez le temps d’évaluer le bon tarif, sans se sous ou surestimer
  • Soyez supervisé-e toute au long de votre carrière !

 

Pour suivre mes aventures en libéral (et pas que !), vous pouvez aller faire un tour sur mon compte Instagram @dh_psy.

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Bonjour 

Merci pour votre post. 
cependant, attention de ne pas considérer l’auto-entreprise comme une finalité… le régime micro social implique certes une cotisation URSSAF à 22% mais elle correspond aussi à un minimum de prestations en retour, notamment sur le plan de la retraite. Il est donc nécessaire d’envisager une épargne individuelle pour pallier les manquements du régime (qui dit micro, dit micro pour tout). 
Soit dit en passant, la mise en place des « consultations gratuites » plafonnées à 30€ paupériseraient  clairement les psychologues tentés par l’opération. 

11 « J'aime »

Merci pour ces conseils, il y a des charges que je n'ai pas pensé à inclure dans mes calculs mais j'ai fixé un tarif suffisant heureusement par comparaison à mes collègues ayant le même type d'approche que moi. 

Pour la question du dispositif Monpsy, je suis contente de l'effort du gouvernement et très mécontente à la fois de la forme que ça prend... Y adhérer pour 2 patients maximum, notamment pour des suivis d'enfants pourrait me convenir en complément de séances classiques mais je ne sais pas si cela est possible et cela m'embête d'apparaître au répertoire. Je vais essayer de leur laisser le temps de comprendre que ce n'est pas bien adapté à notre pratique... Mais pour certains c'est vraiment embêtant de ne plus les voir ou pas assez régulièrement... Et brader des séances est risqué en effet...

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Je comprends. 
Le risque, en acceptant de limiter votre offre d’accompagnement à 2 patients, est d’être finalement peu lisible pour les autres. 
En apparaissant sur la liste nationale, vos patients prendront contact avec vous et un effort pédagogique sera nécessaire de votre part. Je sais de quoi je parle puisque, pour prendre ma part, j’ai accepté d’apparaître dans le précédent dispositif (psyenfantado) pour 2 prises en charge. La confusion a été complète pour les personnes qui m’ont vu sur la liste. J’ai vite fait marche arrière après avoir dû répondre à des dizaines d’appels et de mails. 
De plus, la limite de 8 séances est absurde, le passage par un généraliste non formé à la psychopathologie (troubles légers et critères d’exclusion…?!) nous interroge tous. Bref. C’est une usine à gaz qui ne satisfait et ne satisfera personne. 

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Pour les psychologues psychanalystes les questions d'argent ne se posent pas dans ces termes. Il n'y a pas de "business plan " qui tienne, car ce n'est pas un commerce. Toute la logique en est donc très differente de ce que vous exposez dans cet article.

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Merci pour votre retour Stephane Joly.

Avoir un plan de carrière n'est heureusement pas incompatible avec les théories lacaniennes.  Comment adaptez-vous votre travail aux personnes à faibles revenus Zakarian Hourik, si ce n'est pas indiscret ?

Pour ma part mon positionnement n'a rien de spécialement lacanien mais de simplement psychanalytique en général. Dans cet ordre d'idée il n'y a évidemment pas de plan de carrière car il ne s'agit pas de carrière dans cette pratique qui concerne l'inconscient. Quant aux personnes à faible revenus , leur travail analytique avec moi, requiert un paiement proportionnel à leur motivation de façon à ce qu'il représente une somme signifiante pour eux.

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Mon « plan de carrière » vise à pouvoir continuer ce métier passionnant tout en ayant la possibilité d’en vivre et de continuer à me former. Je suis salariée par ailleurs mais pouvoir proposer des RDV en libéral constitue une bouffée d’oxygène dans ma pratique! Les outils psychanalytiques sont tous très précieux. Travaillez-vous la question de l’argent et de la fréquence des RDV avec vos patients de façon transparente? La façon de poser le cadre est essentielle j’imagine.

Merci pour vos conseils. Le dispositif est assez ridicule en effet. Cela réduit largement notre champ d’action et exclut toute prise en compte de la nécessité du temps dans le travail psychique. Je comprends de mieux en mieux la nécessité de ne pas devenir des paramédicaux et l’intérêt de conserver notre pleine indépendance. Ce qui n’empêche pas de travailler en lien avec le corps médical (lorsque celui-ci y est ouvert).
Dans cette société de l’instantané il est difficile de résister… Je me demande si ce dispositif peut aider certaines familles à faire la démarche de venir voir un psychologue pour enclencher ensuite un suivi. Mais le simple fait que ce soit partiellement pris en charge suffirait si nous avions davantage la confiance du gouvernement…