Psychologues : quand et comment s’installer ?

L’installation en libéral est une belle étape, dans la carrière d’un psychologue. Quand se lancer, comment l’envisager ? Floriane Blanc-Gilbert, psychologue spécialiste du développement installée dans le 12e arrondissement de Marseille depuis novembre 2020 et intervenant dans notre étude consacrée au sujet, nous parle de son expérience. 

 

Vous vous êtes installée récemment à Marseille. Comment avez-vous choisi la localisation de votre cabinet ? 

Marseille est un choix qui résulte de mon histoire, non d’une décision rationnelle concernant l’installation en libéral. Vingt ans plus tôt, j’avais passé quelques mois à Marseille et apprécié l’ambiance : Marseille est ouverte sur le monde, au carrefour de différentes cultures ; elle est aussi urbaine dans certains quartiers et garde l’esprit du village méridional dans d’autres. Je reconnais bien volontiers que la densité des psychologues n’a pas fait partie des critères de choix. J’ai seulement écouté mon envie de vivre dans une métropole aux portes de la Méditerranée.

Cependant, au moment de m’installer en libéral, j’ai étudié la composition socioculturelle des quartiers. Chaque spécialité de la psychologie s’adresse à une typologie de problématiques/dynamiques. En tant que psychologue du développement, je ne peux, éthiquement et déontologiquement, accompagner toutes les situations. J’ai donc posé concrètement quel(s) type(s) de situations je pouvais accompagner et quel(s) autre(s) type(s) j’aurais à transmettre à un collègue d’une autre spécialité. Sur cette base, je me suis demandée dans quel(s) quartier(s) j’avais les meilleures chances de rencontrer le public auquel ma proposition d’accompagnement s’adresse. Le 12e arrondissement m’a paru le bon endroit. C’est un quartier familial qui a gardé l’esprit du village méridional. Il n’y a pas de grands ensembles immobiliers ; c’est un quartier calme, avec des petits jardins, une vie paisible. Cela répondait à une aspiration personnelle : accompagner les familles « au long cours », apporter les connaissances de la psychologie auprès d’une frange de population qui consulte peu le psychologue. Souvent, au cours des premiers entretiens qui inaugurent le suivi, la personne me dit : « J’ai hésité longtemps à venir parce que je/mon enfant n’allais/t pas si mal que ça. » Les besoins du public que je reçois concernent essentiellement la parentalité, l’anxiété, la scolarité, le développement psychosocial des enfants ; des questions qui ne relèvent ni de la psychopathologie, ni de la neuropsychologie.

Il me semble que cette réflexion, qui croise la composition socioculturelle d’un quartier à l’offre d’accompagnements proposée, est clé dans l’installation en libéral.

 

Avez-vous été salariée, avant votre installation en libéral ? 

Pas en tant que psychologue. L’exercice de ce métier est un aboutissement, au terme d’un parcours qui m’a conduite d’un doctorat d’histoire contemporaine à la psychologie du développement, en passant par l’enseignement et la recherche en épistémologie des sciences médicales et le jeu vidéo. C’est au cours de ma reprise d’études que j’ai identifié le « fil rouge » qui m’avait entrainé d’un domaine à l’autre : j’ai toujours cherché à comprendre quels sont les facteurs qui permettent à un individu de s’épanouir pleinement, quelles que soient ses « cartes » de départ. Tout au long de mon parcours, ce à quoi j’aspirais vraiment sans le savoir était d’accompagner concrètement des enfants, des adolescents ou de (jeunes) adultes vers leur plein épanouissement. C’est ce que me permet aujourd’hui la psychologie du développement. J’ai bien sûr fait des stages – quasiment à temps plein pendant les deux années de Master. Mais non : effectivement, en tant que psychologue, je n’ai pas commencé par exercer en institution.

Au cours de ma reprise d’études, j’ai bien compris ce qui pouvait motiver les enseignants à mettre en exergue un premier exercice en institution. Le premier critère de cette incitation est évidemment la possibilité d’être « tutoré » sur les situations qui peuvent soulever des interrogations. Mon parcours atypique n’ayant pas permis un recrutement dans une institution, j’ai construit un réseau de praticiens expérimentés auxquels j’adresse les personnes que je ne peux pas accompagner et que je consulte également en cas de doutes ou de questionnements. Et c’est à l’appui du développement de ma pratique, au cours des derniers mois, que j’ai identifié un deuxième critère justifiant l’incitation institutionnelle : il y a clairement des problématiques et des questions face auxquelles j’aurais été très désemparée à 25 ans, même avec de solides connaissances en psychologie. Ma maturité, celle-là même qui a peut-être fait obstacle à mon recrutement sur des postes plus institutionnels, est une clé majeure de ma pratique. Cette dernière repose finalement presque autant sur les connaissances et compétences acquises par la chercheure, l’enseignante, l’entrepreneure, la femme et la mère, que sur les connaissances et compétences acquises dans mon plus récent cursus.

 

Avez-vous déjà un objectif concernant le nombre de patients que vous souhaitez suivre ?

Pour l’heure, je me fixe un maximum de 25 à 30 suivis par semaine – après six mois d’activité, j’ai une moyenne de douze suivis par semaine. J’ai repris mes études pour aboutir une aspiration : accompagner des personnes dans leur cheminement ; il est donc très important pour moi de me sentir dans la qualité dans ces accompagnements. Ainsi, je passe beaucoup de temps à compléter mes connaissances, me former, échanger. Le fait de voir l’activité monter progressivement me laisse le temps de définir finement le(s) type(s) d’accompagnements que je veux proposer.

 

Un dernier conseil, pour les psychologues qui s’installent ? 

Se mettre au clair avec leurs aspirations et leurs motivations, et veiller à son équilibre de vie au quotidien. Alors que j’étais enseignante-chercheure en épistémologie des sciences médicales, j’avais constaté que beaucoup de soignants se (sur)investissaient dans leur profession sur la base de représentations de dévouement, de sacrifice ; dans le cadre de l’exercice, cela en fait malheureusement de très bons candidats au burn-out. Le courant humaniste – et plus largement l’approche anglo-saxonne de l’accompagnement en psychologie – permet de développer une représentation moins sacrificielle de son rapport à l’exercice d’un métier de soin ; cela me parait fondamental dans le métier que nous exerçons. Comme il est fondamental d’organiser son planning de sorte que les temps de ressources y soient suffisamment présents pour rester serein dans l’activité.

 

Dans cette étude, vous trouverez : 

  • les démarches administratives se rapportant à l'installation des psychologues ;
  • des conseils pour choisir un cabinet adapté à sa pratique ;
  • les outils utiles pour créer son réseau.

 

2 « J'aime »

Merci pour ce témoignage.

Cependant il s'adresse aussi bien au corps des psychothérapeutes : les qualifications sont les mêmes (M2, 400h de psychopatho, dans une école agréée par l’État, 700h de stage). La différence est la suivante :

-"psychologue" est un diplôme préparé à la fac

-"psychothérapeute" est un titre octroyé par l'ARS (et donc octroyé aussi à ceux des psychologues cliniciens et psychiatres qui en font la demande).

Certes ce n'est que depuis 2010 que le titre de psychothérapeute est rigoureusement encadré par la loi, mais en 2021, il serait temps d'en reconnaître la valeur : c'est le titre qui autorise officiellement les suivis psy en libéral. 

Hélène Genet

Bonjour,

J’ai suivi aujourd’hui les vœux sur Youtube de Stanislas NIOX-CHATEAU et Deborah BERDU, je n’ai pas eu de retour à cette question que je pose déjà depuis longtemps à vos assistants en ligne, sans réponse positive hélas : je suis psychanalyste psychothérapeute; soignante handicapée. 

Pour créer mon emploi, L'Agefiph me propose (via BGE Pro) un financement à la création d'entreprise.

J’ai donc demandé un financement pour Doctolib sur trois ans. Travailler en ligne est important pour moi sur le long terme. 

Le dossier de financement est pratiquement bouclé, il manque une pièce essentielle : un devis triennal de Doctolib pour leur soumettre. 

Rencontre entre le Monde d’hier (demande de devis papier en bonne et due forme, temporalité) et le Monde de demain (Doctolib et ses tarifs en ligne). 

Comment concilier ces deux mondes s’il vous plaît ? Merci par avance, bien cordialement

Bonjour @POMARESVéroniq 

 

Merci pour votre message. 

 

Je transmets votre demande au service concerné. Mes collègues reviennent vers vous dans les plus brefs délais.

 

Je vous souhaite une belle journée ! 

 

Marie 

 

Bonjour @Marie_LeGuyader 

Je n'ai toujours pas été contactée... Pourriez-vous faire le nécessaire s'il vous plaît ? J'ai besoin d'une réponse de votre part pour pouvoir répondre à BGE Pro.

Bien cordialement, Véronique