@RodaryJeanBaptMerci de m'avoir répondu en toute franchise !
Sur le plan financier, mes consultations durent en moyenne 30 min en incluant la partie administrative, pour une rémunération moyenne autour de 30 €. Globalement, je gagne 60 € bruts de l'heure pour mon activité de médecin généraliste libéral, ce que je considère comme une insulte à mon investissement et à mes compétences. J'ai donc une activité complémentaire en téléconsultation auprès de mutuelles qui est beaucoup plus lucrative (3/4 à de mon chiffre d'affaires pour 1/2 de mon temps de travail) mais beaucoup moins épanouissante.
Si je m'intéresse maintenant à vos chiffres, un rapide calcul me permet de déduire que vous recevez environ 4 patients par jour. Ai-je juste ? Je trouve cela plutôt confortable, même pour des séances d'une heure. Je comprends que la proposition du gouvernement représente une baisse de revenus pour vous, cependant ne pensez-vous pas que vous pourriez augmenter votre clientèle à 6 patients par jour sans risquer le burn-out ?
Concernant l'adressage, vous avez pris 2 mauvais exemples puisqu'un bilan et une rééducation en orthophonie nécessitent une ordonnance, et une consultation chez un psychiatre nécessite (théoriquement) un courrier d'adressage du médecin traitant. Pour vous donner mon point de vue de médecin généraliste, je pense qu'il est important qu'un patient en souffrance psychique et en demande de soins, commence son parcours de soins par son médecin traitant, pour plusieurs raisons :
- Parce que je crois que le rôle du médecin traitant est de connaître son patient dans toutes ses dimensions. C'est ce qu'on appelle parfois pompeusement la médecine holistique. Pour cela encore faut-il le voir lorsqu'il a un problème qu'il n'arrive plus à gérer seul.
- Parce que nous avons un rôle médical à jouer, la prise en charge d'une souffrance psychique ne se limitant pas toujours à une psychothérapie (traitement psychotrope, arrêt de travail, prise en charge médico-sociale, etc.), et une souffrance psychique étant parfois secondaire à un trouble organique (certaines carences alimentaires, certains troubles du sommeil, etc.). Nous sommes complémentaires du psychothérapeute.
- Parce que nous connaissons à la fois le patient et le réseau de soins environnant. Nous pouvons donc orienter d'emblée le patient vers le psychothérapeute qui nous semble le plus adapté. Combien de patients se découragent d'avoir enchaîné les "mauvais psy" ?
Après, je veux bien admettre que j'idéalise un peu les choses, car dans le contexte déficitaire actuel, beaucoup de généralistes ne prennent pas le temps d'accompagner ces patients et sont bien contents de pouvoir se "décharger'" sur vous. Mais je trouve que c'est de la médecine au rabais qu'il ne faut pas encourager.
Au sujet de l'une de vos remarques, je tiens à vous préciser que je n'oblige jamais un patient à rentrer dans les détails avec moi s'il ne le souhaite pas, et je ne suis pas sûr que beaucoup de mes confrères refusent de réorienter un patient en souffrance psychique manifeste au simple prétexte qu'il ne nous a pas tout raconté 😉
Enfin, concernant votre crainte de perdre votre indépendance, je comprends tout à fait. Je suis moi-même totalement assujetti à l'Assurance Maladie comme l'immense majorité de mes confrères généralistes libéraux, et d'ailleurs je crois que c'est surtout envers cette Assurance Maladie qu'il faut avoir peur, beaucoup plus qu'envers nous qui n'avons aucune raison de refuser de vous adresser des gens !