Clémentine Foglietta, kiné : “Le kiné joue un rôle d'accompagnement”

Quels rôles jouent vraiment les kinésithérapeutes pour leurs patients ? Clémentine Foglietta, praticienne installée à Bry-sur-Marne (94), confie sa vision. 

 

Selon vous, quel rôle le kinésithérapeute joue-t-il pour son patient, au-delà des manipulations ? 

Je pense que nous jouons un rôle d’accompagnement à plusieurs niveaux. C’est d’abord un accompagnement vers le retour à la mobilité en cas d’atteinte articulaire ou musculaire. C’est aussi un accompagnement vers la réadaptation à la vie quotidienne par la rééducation, notamment après une opération ou encore dans le cas de pathologies neurologiques (AVC, maladie de Parkinson, maladie de Charcot, sclérose en plaques,...). Pour moi, ces prises en charge sont très importantes car les kinésithérapeutes sont les interlocuteurs principaux pour les patients souffrant de ces maladies. Les rendez-vous avec le neurologue sont souvent tous les 3 à 6 mois et c'est très souvent le kinésithérapeute qui se retrouve à devoir expliquer au patient sa maladie puisque le patient a davantage de temps pour nous poser des questions. 

Enfin, c’est un accompagnement vers la bonne marche des fonctions vitales, par exemple les fonctions respiratoires pour les patients qui souffrent d’une pathologie pulmonaire. 

À ces éléments s’ajoute un volet psychologique. Les patients se confient souvent pendant les séances. Ils nous racontent leurs difficultés et leurs angoisses au-delà de leurs maux physiques. C’est particulièrement vrai dans le contexte de la pandémie : j’entends parler de lassitude, de craintes et de deuils. C’est vrai aussi dans la gestion des maladies chroniques, où nous jouons un rôle de soutien moral et de confident. Il y a beaucoup de transferts dans nos cabinets. 

 

Pour résumer, nous sommes là pour aider les individus à gérer au mieux les étapes de leur maladie et parfois de leur vie. 

 

À votre avis, comment les kinésithérapeutes sont-ils perçus par les Français ? 

Il me semble que nous sommes considérés comme des professionnels de santé abordables et de confiance. Pour ma part, j’ai la chance de bénéficier d’une véritable reconnaissance : certains patients se disent prêts à attendre un certain temps pour obtenir un rendez-vous dans notre cabinet. C’était moins le cas dans mon ancien lieu de travail, donc j’apprécie ! 

 

Quels gestes mettez-vous en place pour accueillir vos patients ? 

Je suis assez bavarde en séance. Si je sens que le moment s’y prête, j’aime bien poser des questions au patient sur son cadre familial, son travail, ou autre. J’apprends beaucoup de choses de cette manière. Évidemment, j’évite d’être intrusive et je m’adapte au rythme de la personne dans ces conversations. L’important est avant tout de créer un climat de confiance. 

Cette confiance passe aussi par une explication de mes gestes. Je trouve important de faire la pédagogie de mon travail, à la fois pour informer le patient et l’inviter à investir son propre corps. Expliquer l’origine et les causes de la douleur me paraît être une manière de lui rendre confiance, en lui montrant que son problème ne va pas nécessairement entraîner la fin brutale de son mode de vie. 

 

Par exemple, si j’ai un patient qui souffre d’arthrose, et qui redoute le caractère dégénératif de cette pathologie, je veille à lui montrer qu’il existe des solutions très concrètes et très efficaces pour apaiser la douleur et assurer la mobilité des articulations. 

 

Il ne faut pas oublier que le kinésithérapeute est parfois la seule personne à toucher réellement un patient. En massant et en mobilisant le corps, nous invitons aussi l’esprit à lâcher prise. 

 

Expliquer, échanger, être à l’écoute… Tout cela doit vous demander une certaine énergie, non ?

Tout à fait. Ce n’était pas facile pendant mes premières années d’exercice. Après ça, j’ai pris l’habitude. Mais ça redevient un peu compliqué actuellement, du fait de la pandémie. J’ai récemment pris des vacances car je me sentais trop fatiguée pour aider les autres. Mais d’une manière générale, ce contact est aussi très stimulant au quotidien.

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ça serait super si toute cette bienveillance des patients étaient perçu sur le cout de la séance...car on est sympa oui mais parce qu'on fait beaucoup d'heures et qu'on est mal payé pour

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Je suis bien d'accord avec toi

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