La voix de la communauté

L’équipe Doctolib Community identifie chaque mois un commentaire auquel vous pouvez réagir. Bonne pratique, idée d’évolution, interrogation ou réaction à un sujet particulier, nous vous donnons la parole.

 

Ce mois-ci, c’est @Rosi-Psy , psychologue, qui nous partage son expérience et ses conseils vis-à-vis des tarifs de consultation, en commentaire de notre article “Conseil & Témoignage : Comment se constituer une patientèle en tant que psychologue libéral ?”

 

“Je propose un tarif réduit sous conditions de ressources. Vous nous suggérez de proposer un tarif réduit quasiment à tout le monde.

 

1- les praticiens ont des charges comme vous. Plus le montant des honoraires est faible, plus la rémunération du praticien sera basse. Nos rendez-vous durent 45 min, voire 60 min, en moyenne. Compte tenu des charges, et en sachant que nous exerçons souvent à temps partiel (donc loyer plus élevé à la journée), je ne donne pas cher du reste à vivre pour des niveaux bac+5.

Maintenant dans votre calcul vous rappelez qu'il est préférable d'avoir 4 patients à 40€, plutôt que 2 à 60€. J'y ai pensé moi-même. Cependant voici la suite de mes observations après 10 mois d'activité.

 

2- les consultations psychologiques ne sont pas remboursées. En début d'année mon tarif était à 40€. Je n'ai pas eu plus de rdv. Quelque soit le montant, la question du non remboursement stoppe la prise de rdv. Quand on éduque les gens dans l'idée qu'il est normal d'être soigné gratuitement en présentant une carte vitale par esprit de solidarité, par empathie pour les gens qui ne peuvent pas avancer les frais, ça donne une population toute catégorie confondue qui ne conçoit plus de payer pour son mieux être, pour sa santé. La sécurité sociale aurait dû être pensée comme les allocations, à savoir au prorata des ressources. 

 

3- les personnes qui ont de faibles ressources refusent de payer même à un tarif réduit, ou alors elles prennent 1 consultation, voire 2. Elles demandent un éclairage sur une situation mais ne s'engagent pas sur un travail thérapeutique. 

Un jeune retraité m'a téléphoné en début d'année. Je lui ai évoqué mon tarif réduit, forcément inférieur à 40€. Il trouvait que c'était encore trop cher. "Vous comprenez je suis ancien fonctionnaire. Au travail ma psychologue était gratuite." Mais qui peut concurrencer la gratuité?!!! Donc que les gens aient de l'argent, qu'ils en aient moins, ou qu'ils touchent des allocations, à partir du moment où ils sont formatés pour ne pas payer, ils ne payeront pas. Et je vous rappelle la façon dont le gouvernement nous aura traité pendant le confinement. Ecoute gratuite. Ecoute gratuite. Ecoute gratuite. Parfois je reçois des appels où les gens s'étonnent que je leur parle de mes honoraires. "Ah bon faut payer?!" Pensez-vous que baisser nos tarifs dans ces conditions y changerait grand chose?

 

4- les personnes consultent en fonction du nombre de séance pris en charge par leur mutuelle donc de façon épisodique et pas adaptée à leur besoin. J'ai une personne en "suivi" depuis 3 mois. 1 rdv/mois en moyenne et la personne me demande des conseils de livre pour avancer seule dans son travail de réflexion. Mais dans ce cas j'arrête de travailler. Je communique une bibliographie et c'est réglé! Voilà à quoi en sont rendus les gens dans leur rapport aux soins. Il suffit de lire pour aller mieux tout seul. La personne prévoit d'échelonner ses 2 dernières séances si j'ai bien compris, et de se dépatouiller avec ses livres. Car dès lors qu'il n'y aura plus la mutuelle, elle devra réellement payer. Chose qu'elle ne prévoit pas de faire visiblement. 

 

Demain vous dites aux gens les consultations psychologiques sont remboursées, bizarrement nos agendas seront un peu plus remplis. On en revient toujours au soin à 0€. “

 

Et vous, qu'en pensez-vous ?

94 « J'aime »

Je suis médecin et je propose des séances d'hypnose à 40 euros , ce qui revient à 15 euros de non remboursé. Le tarif n'est pas un frein. Plutôt l'idée que cela marche ou non, effet miracle attendu. Parfois je leur dit qu'apprendre la psychologie c'est aussi long qu'apprendre une langue étrangère..... Le vrai problème est à mon avis le rapport au temps. 

question de société, bon courage à vous

5 « J'aime »

J'ai remarqué après plus de  20 ans d’exercice en libéral que la plupart du temps les gens qui réclamaient un tarif réduit étaient plus à l'aise financièrement que ceux qui ne le réclamaient pas. Le tarif du premier rendez vous est toujours au prix fixé. Je propose moi-même un tarif réduit quand après le premier entretien je comprends que la situation financière de la personne ne pourra pas lui permettre un travail efficace. Ce tarif réduit est parfois refusé par certaines personnes. Aujourd'hui, je n'ai aucun regret, remords ou maux de conscience à proposer le tarif identique pour tous au premier entretien. Le travail sur soi est un travail difficile et quand il est aussi difficile financièrement, j'ai remarqué que ce travail se fait plus rapidement. C'est bien sûr un avis personnel et je ne juge personne qui penserait autrement 

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Les psychologues ont voulus garder leur indépendance et ne pas dépendre de prescriptions des médecins

comme les kinésithérapeutes. C'est pour cette raison que les consultations psychologiques ne sont pas remboursées

DRJ.Bensimon

Psychiatre

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Le message de @Rosi-Psy  est une bonne description de la réalité.

 

En tant que médecin nutritionniste mes consultations sont partiellement remboursés par Sécu + mutuelle. Il y a toujours un reste à charge mais au final pour la plupart des patients il importe que la consultation soit au moins partiellement prise en charge. Si elle ne l'est pas du tout c'est un frein majeur.

 

On peut toujours discuter de l'intérêt de tarifs réduits selon ressources mais :

- ça ne changera rien au fait que la distinction se fera avant tout sur la notion de gratuit ou de payant, le reste à charge étant secondaire dans un contexte où la "gratuité" des soins est perçue comme une sorte de norme

- pratiquer des tarifs réduits va générer un appel d'air et orienter la patientèle ce qui aboutira au fait qu'à terme (bouche à oreille) une majorité de consultations se fera à tarif réduit, au détriment des revenus du praticien.

 

A titre personnel je reçois régulièrement des patients bénéficiaires de CMU, environ 1 patient sur 15 actuellement.

Si demain je me retrouvais à avoir les 2/3 de mes RV en CMU c'est très simple je n'aurais plus qu'à fermer mon cabinet et prendre un poste d'attaché en CHU car je ne travaillerais quasi que pour payer mes frais fixes, sans reste à vivre acceptable.

 

Donc les conseils du style "proposez des tarifs réduits" me paraissent peu pertinents et un peu moralisateurs, quelque soit le contexte. D'ailleurs Doctolib serait-il prêt à proposer une réduction de ses tarifs à hauteur du % de réduction des honoraires ? Evidemment que non.

 

La vraie question serait plutĂ´t celle de prendre (partiellement ?) en charge certains actes utiles qui aujourd'hui ne le sont pas.

Autant dire que c'est pas pour tout de suite vu le contexte actuel...

 

Cordialement.

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Doctolib a un positionnement clairement libéral.

Peut être pourrait-il faire de la (dé)sensibilisation via des interfaces de com' pour relayer que la santé est payante et mérite un investissement se soi vers soi...

ainsi les libéraux déconventionnés "pousseraient" mieux...et Doctolib pourraient en accueillir encore plus et doper le système win-win qui nous relie!

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Les  psychologues en milieu institutionnel sont "gratuits" pour leurs "bénéficiaires. Mais les psychologue sont alors salariés par l'institution.

En libéral, par choix de ne pas appartenir à la catégorie des "para-médicaux" et de n'être ni une profession médicale ni une profession para-médicale, donc, les psychologues ne font pas d'actes qui peuvent être pris en charge par la Sécurité Sociale (il existe une procédure très complexe qui est l'aide sociale ou l'action sociale de la Sécurité Sociale et pour y accéder c'est tellement compliqué et peu gratifiant à la fin que je ne connais personne qui soit allé au bout de la démarche).

En revanche, les mutuelles peuvent prendre en charge quelques séances (remboursement du bénéficiaire sur facture faite par le praticien, parfois nécessité de faire un devis d'abord). Le nombre des mutuelles qui font cette prise en charge (partielle) (c'est souvent un forfait) a très nettement augmenté depuis 20 ans.

Il est difficile dans ces cas, cependant, de s'engager sur un suivi de longue durée.

La question du coût des séances est importante et nombre de textes y sont consacrés.

Je peux seulement faire part de ma pratique (complémentaire et sans choix de ne vivre que de ça ; pour ma sécurité j'ai touours été salariée en institution (à employeur multiple donc)) concernant le coût des séances :

J'annonce que mon tarif de base c'est 55 € (je peux demander plus dans certains cas, en particulier quand les séances durent plus de 45 mn), et je discute avec la personne, en annonçant que je peux baisser ce tarif s'il le faut ; cela se discute aussi en fonction de sa situation et de ce qu'elle perçoit qui peut lui permettre de faire ce suivi, cela m'est donc arrivé même sur des suivis longs, de pratiquer un tarif de 30 €. Faire des séances gratuites me parait devoir être absolument exceptionnel, pour des circonstances très particulières d'assistance à personne en danger, par exemple. J'espère que ma contribution à cette discussion apportera quelque chose à de jeunes praticiens.

Marianne Simond

Psychologue

Psychanalyste Rêve-Éveillé

Membre du GIREP (Groupe International du Rêve-Éveillé en Psychanalyse)

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Je suis psychologue depuis 17 ans, et en libéral depuis 2 ans. Moi aussi en m'installant, j'ai pensé que le tarif serait un frein, le fait de ne pas être remboursé... et après deux ans de pratique, je dis que non. En effet, ceux qui demandent un tarif réduit ne sont pas toujours les plus démunis... En général c'est moi qui propose un tarif réduit quand je vois que les gens ont vraiment de faibles ressources. Mais dans l'ensemble le tarif ne pose pas de problème et pourtant je suis plutôt "chère" pour une psychologue (65euros). Et pour ma part, non les gens ne viennent pas qu'une ou deux fois, ils viennent quasi tous sur au moins plusieurs mois. Baisser les tarifs pour espérer avoir plus de patients ne me semble pas être une bonne idée. Les patients comparent souvent les sites ou les profils des psys avant de choisir, et il faut le dire, le moins cher ne renvoie pas une bonne image. Pour ma part j'ai fixé mon tarif en fonction de mes années d'expérience et de mes nombreuses formations, il m'apparaît juste. Et je vais probablement bientôt devoir arrêter de prendre des nouvelles demandes car j'ai trop de monde actuellement. Quand je démarrais, j'avais beaucoup plus de tarifs réduits qu'aujourd'hui, probablement parce que j'avais "peur" de ne pas avoir assez de patients, du coup je le proposais plus souvent, ou les gens se sentaient légitimes de demander une baisse. Aujourd'hui cela arrive très rarement. Alors c'est certain que si je sortais juste de l'université, je ferai un tarif plus bas. Mais pas trop bas quand même. En dessous de 50euros cela me paraît trop bas, même pour un débutant ! ne vous bradez pas ! Plein de belles choses à ceux qui commencent l'aventure du libéral

 

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Complètement d'accord avec vous. Beaucoup de gens vont mal mais ont l'habitude du gratuit; Il espère donc une baguette magique et l"'annulation de leur maux" avec lesquels ils vivent depuis longtemps, en 2 temps 3 mouvements, non pour la majorité, mais pour une bonne partie. Ne pas vouloir payer, et déjà souvent ne pas vouloir guérir ou guérir sans effort ... et ça on sait que ce n'est pas possible...

Bravo pour ce texte, très explicite...

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@JB2020 

Les psy ont effectivement souhaité conserver leur indépendance au même titre qu'un ophtalmo et un gynéco ne dépendront pas d'une orientation du médecin traitant pour que les patients puissent les consulter et être remboursés. Il s'agit de laisser les patients libres de consulter quand ils en ressentent le besoin.

Cependant, vous omettez deux points qui freinent la profession.

1- Dans l'étude sur le remboursement des consultations psy, le montant de base est de 22€ la séance de 30 min et environ 31€ la séance de 45 min. Or, les psy ont des honoraires qui varient entre 40€ et 80€ pour des consultations individuelles. Le tarif moyen le plus largement pratiqué est de 50€. En somme, les psy pratiqueraient majoritairement des dépassements d'honoraires au regard de ce plafonnement.

2- Cette même étude a conclu que certaines pratiques plutôt que d'autres méritaient d'être remboursées si elles donnaient des résultats rapidement. En somme, si les psy ne sont pas spécialisés dans les thérapies brèves leurs consultations ne seront pas remboursées. Est-ce que les médecins accepteraient cette mise en rivalité au sein de leur profession, synonyme de discrimination? Car pour ma part, lorsque j'ai exercé en institution, j'ai accompagné des personnes sur quelques semaines, d'autres sur plusieurs mois, et parfois même sur plusieurs années. J'ai obtenu des résultats satisfaisants dans tous les cas de figure. Est-ce que je suis une mauvaise psy quand un patient a besoin de plus de temps pour avancer? Est-ce que je suis une meilleure psy quand un patient va mieux au bout de 7 séances? Est-ce que je dois porter la responsabilité de ce qui se passe dans la vie des patients (derniers événements) et qui pourrait ralentir, freiner, leur évolution? Est-ce que je dois rendre compte à la place du patient de son niveau d'investissement dans sa thérapie? Une praticienne a commenté plus haut que beaucoup de personnes s'attendaient à aller mieux d'un coup de baguette magique sans comprendre la notion d'effort que le travail thérapeutique requiert. La question de la rapidité des soins, traduction bon psy contre mauvais psy, a aussi bloqué ce projet de remboursement des consultations. 

 

Plusieurs options, sous réserve qu'il n'y ait aucune discrimination de faite entre les psy :

- la sécu modifie ses montants de remboursement de base et s'aligne sur le tarif moyen, tout en laissant les praticiens qui le souhaitent avoir des dépassements d'honoraires, 

ou

- la sécu conserve ses montants de remboursement de base en laissant tous les praticiens qui le souhaitent avec des dépassements d'honoraires. Et dans ce cas libre aux mutuelles et/ou aux patients d'assumer le reste à charge. 

ou

- dernière option, l'état assume la totalité de nos charges fixes (loyer, téléphonie, doctolib, etc) et/ou baisse le taux de nos cotisations sans que cela n'impacte notre retraite. Soyons fous. Car demander aux praticiens de continuer de financer leur cabinet, leurs charges, de payer leur cotisation, et dans le même temps de baisser leurs honoraires de 20€, voire plus, par séance, je crois que c'est se moquer du monde. 

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Je pense qu'il est important de payer ! Il faut que cela coûte au patient ; 

 

Je vais plus loin en disant que si cela ne coute rien alors ma parole ne vaut rien ?

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bonjour je ne suis pas psychologue mais certains des commentaires me "parlent" (!) En tant que médecin vasculaire, j'ai beaucoup de patients en ALD (diabète pb artères.....AVC ...) donc aucune avance d'honoraires tout est pris en charge. Mais quand il y a le moindre problème de mise à jour de leur carte vitale ou de leur droits au "100%" et que je ne peux techniquement pas faire de 1/3 payant, je me heurte à "moi je paie jamais rien" "vous avez qu'à vous débrouiller" "j"ai droit au 100 % pour tout" ..."j'ai pas le temps pas envie pas ......". j'ai beau expliquer que dans tous les cas rien n'est gratuit (il y a toujours quelqu'un qui paie) que s"ils avancent les honoraires ils seront de toutes façons remboursés (je suis en secteur 1)....

la notion de "gratuité" ne nous rend pas toujours service, le fait de dire que notre parole ou nos actes ne valent rien ou ne nous font pas respecter, je le retrouve dans l'"attitude de certains patients qui n'en ont rien à faire des conseils ou de l'aide qu'on peut leur apporter mais viennent quand même faire leurs explorations parce que "sinon je vais me faire eng.... par mon médecin traitant...et pi mon cardiologue sera content" (le cardiologue.... la diabétologue font leur métier.. tes états d'âme.... franchement....) mais ça veut dire aussi que "je ne vais pas lever le petit doigt pour aller mieux"  c'est ennuyeux pour eux et pour nous tous, mais "pas grave c'est la sécu qui paie".

pour avoir travaillé aux US où les soins sont chers et pas accessibles à tous, l'attitude des patients étaient souvent bien différente, question de culture aussi...en FRANCE on critique on râle alors que nous avons accès à des soins de qualité (remboursés le plus souvent) et pour les pathologies graves une prise en charge qui n'existe pas dans d'autres pays ...certaines interventions, certaines chimio ne sont pas accessibles dans d'autres pays d'Europe car trop chères....

mais aussi dans certaines situations la "gratuité" des soins ne fait que favoriser le "tourisme médical"..... et ça aussi le fait de ne pas se responsabiliser un peu (plus) ça m'agace.....râler râler râler ça ça fonctionne

bonne journée à toutes et tous!

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Bonjour,

tout Ă  fait d'accord.

Dans le domaine psychique, on peut penser que le patient ait à céder quelque chose lorsqu'il vient à une séance : il s'agit alors pour lui, outre de parvenir à mettre en mots ce qui lui arrive, de renoncer à une certaine jouissance. Cela peut prendre la forme d'une certaine somme d'argent. Pour d'autres, ils payent déjà d'une certaine façon par leur temps de transport, les difficultés d'organisation, etc... Si quelqu'un veut absolument se faire rembourser, (ou parler gratuitement par téléphone) c'est-à-dire récupérer ce qu'il a dû céder lors de la séance, on peut soit le refuser et il ne viendra peut-être plus (mais pas sûr), soit tenter de lui interpréter cela si sa structure psychique peut le permet.

On peut également faire remarquer au patient que de ne pas venir risque de lui coûter plus cher (ou autre chose) que ce qu'il ne veut pas payer ici.

Mais il y a bien sûr des situations exceptionnelles, qui nécessitent certains aménagements. Une somme donnée n'a pas la même valeur pour tout le monde. Mais il faut certainement dans chaque cas que la parole ait un "prix", c'est dans ce sens qu'elle a une chance d'avoir "prise" sur la jouissance.

 

De mon côté je trouve (à ma grande surprise) que les patients paient sans problème, tout en venant régulièrement (séance hebdomadaire le plus souvent). Je consulte en libéral dans une zone très multiculturelle et pas forcément très aisée financièrement. 

Le prix est décidé ensemble. J'indique dès le premier entretien que les tarifs varient entre 40 et 80 euros. Personne ne s'est jamais situé à 80 euros, mais la plupart s'identifient à 50 ou 60 euros. D'autres demandent à payer 40, mais la plupart du temps c'est justifié. 

Ca m'est arrivé de proposer 30, et même 20, mais ce sont des cas exceptionnels, le temps qu'ils finissent leurs études ou trouvent du travail. Et cela est possible car d'autres, plus à l'aise, paient plus cher leur séance. Si jamais quelqu'un se présentait et voulait une séance gratuite, je le réorienterais vers son CMP de secteur, en lui conseillant de dire que c'est urgent. 

De mon côté, le prix des séances n'est donc pas trop un frein, ni pour moi, ni pour les patients. Et beaucoup apprécient l'absence de lourdeur institutionnelle (dossier, psychiatrie, attente, etc).

Et puis, il faut le dire, j'ai moi-même pu faire 10 ans d'analyse grâce à des psychanalystes qui ont toujours adapté leur tarif à ma situation financière. Donc j'ai suivi le style et j'en suis reconnaissante. 

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@GuzmanVerleyCl 

Votre témoignage est positif. Et je suis contente de savoir qu'il y a malgré tout encore des personnes en capacité de respecter le métier et le cadre de notre travail.

 

Pour ma part je suis en région PACA. Il y a une dominante de retraités et ceux-ci semblent peu enclins à aller consulter chez les psy. Déjà il y a un regard négatif sur le métier. Puis lorsqu'ils concèdent à consulter c'est automatiquement vers le psychiatre remboursé. Les choses dans leur esprit sont très claires. Les plus jeunes ressentent un besoin de consulter mais les salaires sont très bas, sans compter ceux qui ont un salaire bas à temps partiel, et ceux qui perçoivent les minimas sociaux. J'ai été étonnée de recevoir autant d'appels où les personnes me demandaient si je prenais la CMU. J'ai été déconcertée quand des personnes salariées, et visiblement avec un salaire supérieur au smic, se permettaient de remettre en question mes honoraires. Car mon tarif réduit s'adresse à des situations bien particulières. Et j'ai reçu des demandes de la part de personnes dont la situation ne répondaient pas à mes critères pour en bénéficier. D'ailleurs le dernier appel en date, il a fallu que je rappelle à mon interlocuteur que j'avais des charges et que les psy avaient les mêmes besoins que tout le monde. Je dirais que ce dernier appel a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. 

 

Ce qu'il faut savoir tout de même c'est que la dominante de mon activité est en distanciel. Je constate qu'il y a un amalgame et que les personnes s'imaginent que parce que c'est en visio il faudrait payer moins cher la psychologue. Pourtant mon tarif respecte le tarif médian et la plupart des collègues pratiquent des tarifs plus importants en cabinet. Mais voilà il y a toujours cette croyance autour de la gratuité dès lors que c'est de l'écoute en ligne. Enfin concernant l'expérience en cabinet, et bien j'ai loué un bureau qui se trouve dans un quartier défavorisé. Chose que je ne savais pas puisque je découvre encore cette région. Mon lieu de cabinet n'était absolument pas favorable au développement d'une patientèle. Donc j'ai décidé d'arrêter les frais à la fin du mois.

Toutefois, si j'analyse les demandes que j'ai reçu en 1 an (cabinet et en ligne), les personnes appellent pour avoir des renseignements. Mais dès qu'elles apprennent qu'il n'y aura pas de prise en charge, elles ne prennent pas de rendez-vous et ne rappellent pas. Il y a donc un écart non négligeable entre votre expérience et la mienne. 

 

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