S’installer, oui… mais pas tout seul ! Paroles de jeunes professionnels

Les jeunes professionnels de santé n’envisagent pas l’exercice autrement qu’en groupe, auprès d’autres professionnels de santé. 

 

2018 MSP, 235 CPTS opérationnelles

Demain, tous en équipe pluriprofessionnelle ? Travailler en groupe, auprès d’autres professionnels du soin, apparaît de plus en plus comme une condition non négociable pour les jeunes et futurs installés, quelle que soit leur profession. Idem pour les moins jeunes et déjà installés, en témoigne la multiplication des structures de soins coordonnés sur le territoire :

 

L’équipe, c’est vital !

On ne peut pas travailler tout seul, rappelait Vanessa Fontané, médecin généraliste, lors des dernières Rencontres AVEC Les équipes, à Lille. Le dossier partagé, l’équipe, c’est limite vital !” Mathieu Noirot, masseur-kinésithérapeute, dresse le même constat : “Les équipes pluriprofessionnelles améliorent le bonheur au travail. On travaille autrement, sûrement mieux”, a-t-il souligné lors de ce même congrès. Les échanges au sein de l’équipe permettent de mieux prendre en charge le patient, apportent une certaine réassurance dans la pratique quotidienne, attirent également des professionnels.

 

Dr Erik Bernard, médecin généraliste : “Augmenter l’offre de soins grâce à notre MSP”

 

Les jeunes médecins plébiscitent l’exercice de groupe

Les facteurs qui vont me permettre de décider de mon futur lieu d’installation ? Ce qui est sûr, c’est que je ne veux pas exercer seul. Je ne suis pas fan des cabinets isolés, je préfère les structures en groupe. Les MSP, par exemple, c'est top. C’est le genre d’endroits où j’aimerais poser mes valises, avec d’autres médecins et paramédicaux”, nous confiait, en 2021, Walid Mekeddem, alors médecin généraliste remplaçant. Selon une étude du Conseil national de l’Ordre des médecins, réalisée en 2019, 45 % des internes souhaitent travailler en MSP ou cabinet de groupe - contre 3 % pour un exercice libéral isolé. 7 nouveaux installés sur 10 pratiquent, pour leur part, en groupe ou dans une structure de soins coordonnés. 

 

Cabinet de groupe, MSP : 1 médecin sur 2 veut s’y installer

 

Apprendre à se connaître pour mieux travailler ensemble

Pour Mathilde Renker, présidente de l’ISNAR-IMG et présente aux Rencontres AVEC Les équipes, il est urgent de développer des stages d’internat en milieu ambulatoire, notamment au sein d’équipes pluriprofessionnelles. “Ce qui nous manque, c’est de nous connaître, savoir ce que font les autres professionnels”, notait-elle lors d’une conférence. 

 

Quelle structure pour vous ?

MSP, CPTS, ESP : en quelques années, de nombreuses structures d’exercice coordonné ont vu le jour sur l’ensemble du territoire, encouragées par les pouvoirs publics. Découvrez ce qui se cache derrière les sigles et déterminez quelle structure vous convient le mieux. 



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Bonjour,

 

En tant que tout jeune médecin généraliste, permettez moi de m'inscrire en faux. J'ai conscience que mon point de vue est minoritaire,mais il ne m'est pas de plus grand plaisir que de ne dépendre de personne, et de m'installer seul, ou à la limite dans une structure avec d'autres praticiens mais sans cadre législatif limitant ma liberté d'exercice.

 

Dans le réticule, je cible me concernant en particulier les contrats d'installation (type CAIM), qui oblige à faire partie de structure de ce type. j'ai probablement un raisonnement archaïque, mais mon "reseau" passe avant tout par la connaissance et la confiance en des praticiens que je connais, sans me sentir forcer de travailler avec eux. C'est une des fonctions du généraliste que je préfère : aller à la rencontre de mes confrères généralistes et spécialistes, me faire un avis les concernant, et prendre la décision mêmes s'ils sont à plusieurs kilomètres d'adresser mes patients à ces individus qui me correspondent, appliquant une forme de médecine à laquelle j'adhère.

 

A l'inverse, faire partie de ces communauté restreintes de soins m'effraie, je l'avoue. En effet, un praticien proche de chez moi n'est pas forcément un individu auquel je donnerai mon suffrage. Or, le principe même de réseau implique in fine de territorialiser l'offre de soins.

 

Je donnais cette image à une représentante de la sécurité sociale, en expliquant que, lorsque vous souhaitez enfermer un individus en cage, la partie la plus difficile n'est pas de fermer la serrure, mais bien de l'y faire entrer...

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Après plus de 46 ans d'exercice, je ne peux qu'abonder dans le sens du commentaire de MCJ. Il me semble évident que les "contrats" de la CPAM sont des rets dans lesquels il vaut mieux éviter de tomber pour ne pas se retrouver paralysé et empêché par la même de contester. 

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Merci @MCJ et @DrChauveauJ5120 pour ce point de vue et ce partage d'expérience ! ll n'existe pas un, mais bien de nombreux exercices, l'essentiel étant que chaque professionnel s'y retrouve en matière de conditions de travail. Pouvez-vous nous détailler comment vous constituez votre réseau professionnel et quels outils vous utilisez pour vous coordonner ? Vos conseils seront précieux !

Bonjour,

 

Les solutions pour se créer un réseau sont simple comme un bonjour, et ce n'est pas ici une expresssion.

 

Lorsque je reçois un compte-rendu d'un praticien que je ne connais pas, et qui semble parti pour suivre un ou des patients, il n'est pas terriblement long de prendre son téléphone et de se présenter, sous le prétexte évident de prendre des informations sur le patient concerné. Il est vrai que le téléphone sert à énormément de choses différentes, mais a vocation première reste la communication. A moins que j'ai déjà atteint ma propre date d'obsoléscence programmée.

 

L'autre outil non négligeable de la création d'un réseau, c'est bien sûr sa paire de guiboles, parfois suppléée d'un véhicule à moteur.

Prendre le temps de se déplacer, acte long, fastidieux, chronophage, et même parfois (excusez ma grossierté) dominicale, et se rendre sur place dans un service, ou le cabinet d'un confrère spécialiste, permet de se faire une réelle idée de l'individu derrière la feuille de papier, que certains appellent compte-rendus.

Avoir un patient hospitalisé est un prétexte parfait pour sauter sur l'occasion, par exemple.

Et quelle surprise, étonnament vécue avec beaucoup de joie et d'approbation de la part d'un confrère, quand un généraliste sort de son habitat naturel pour s'enfoncer en territoire hos...pitalier, ou encore à plus de 2km de distance! 

 

En récompense de ces efforts surhumains, appeler un confrère qui connais notre visage, notre voix, notre façon de s'exprimer, s'avère nettement plus souvent fructueux, et renforce l'idée que nous ne sommes pas des confrères pour appartenir à une même caste, mais bien par le goût partagé et la direction commune que prend notre exercice.

A l'inverse, même s'il est un voisin ou un membre d'un "réseau" imposé, et sans parler d'animosité ou de conflit, la médecine que chacun propose peut ne pas convenir à notre process de pensée. Je souhaite donc pouvoir choisir ceux qui me semblent capables de travailler avec moi.

 

Je ne dis pas que ce que je fais est réalisable partout, ou qu'il s'agit de la meilleure méthode. Ce qui est certain, c'est que l'erreur, si une doit être pointée n'est pas tant que les pouvoirs publics s'immiscent dans la capacité des médecins à se créer un réseau, mais bien que la création d'un réseau n'ai pas suffisament fait partie du processus d'exercice d'un praticien pour éviter de le lui imposer...

Je chérie la liberté de mon exercice, mais cette liberté n'a pas d'autres coûts que celui de ne pas avoir à donner une tâche aux autres quand nous devrions la faire nous-mêmes.

 

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Le réseau par osmose; par cooptation, par complicité(café, repas, soirée pro ou non, activités). Et avec l'expérience , je me suis aperçu que c'était un moyen très efficace de créer de l'estime, de la reconnaissance, voire même (mais là j'ai bien conscience d'abuser) une forme d'amitié, d'agapé, comme auraient dit nos ancêtres grecs. Là encore j'abuse, mais je crois bon de rappeler que dans le temps... (oui je sais , je suis un vieux c...) on faisait latin ET grec au lycée pour faire médecine (mon vieux maître m'a fortement! incité à apprendre les racines grecques en seconde année pour ne pas mourir idiot et analphabète). Cela s'appelait les humanités. Et peut-être que c'est grâce aux conseils de ces vieux maîtres que j'ai pu entreprendre d'affûter ma curiosité pour choisir mes correspondants pour l'estime que je pouvais leur vouer et mes patients pour les mêmes raisons. Notre tuteur Victor Hugo a dit : Il y a dans l’admiration on ne sait quoi de fortifiant. (V. Hugo). Je vous souhaite à tous d'être aussi curieux de vos confrères que de vos patients. Par contre, cela aura pour corollaire des choix (et parfois de longues inimitiés). Bon exercice à tous.

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